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Le tableau noir en classe : petite présentation aux (futurs) enseignants qui se posent des questions

Par Grégory Voz – ISELL Ste-Croix  

À quoi sert le tableau dans la classe ?

L

 espace qui va être pris et complété, souvent par l’enseignant pour gérer les apprentissages et la e tableau noir (TN), peut être comparé au silence qui règne dans une classe. C’est en effet un discipline en classe.

Une rapide observation des différentes classes d’enseignement permet de dire qu’il n’y a pas de classe sans TN. Il est un signe distinctif de ce qu’est une classe. Il en décide même la disposition puisque les élèves doivent avoir un accès visuel direct sur celui‐ci. Il est ainsi normal dans le cadre d’une transmission de savoir, lorsqu’un enseignement a une forme « ex‐cathedra » que l’enseignant (ou tout autre personne qui fait une présentation) soit placé devant ou à proximité de ce TN. Nous pouvons aller plus loin : le tableau définit l’espace de transmission du savoir en classe. Cela ne signifie nullement qu’il n’y ait qu’à cet endroit que le savoir existe et peut être appris, ce serait sans compter sur les livres, les équipements informatiques, les conflits socioconstructivistes dans les bancs… mais lorsqu’il y a une transmission de savoir à l’ensemble de la classe, c’est à proximité du TN que celle‐ci se fait. Le TN est donc associé à un espace de transmission en classe. Il peut plus humblement être le support des connaissances en construction ou l’espace sur lequel est formalisée la connaissance, le savoir constitué à maîtriser. Nous allons expliquer ces deux fonctions puis décrire son rôle dans la dynamique de la classe.

1. Le tableau noir : support de la connaissance en construction

Le tableau est un support visible par tous sur lequel on peut écrire une infinité de choses. Dans la construction de la connaissance et selon les pratiques actuelles de classe, il sert par exemple à fixer les apports lors des mises en commun. 

Ainsi si l’enseignant demande à chaque élève de donner sa réponse ou son avis sur un sujet ou lors d’un brainstorming, d’un relevé de représentations, dans l’énoncé des explications ou hypothèses des élèves, … la mémoire des élèves, comme la sienne saturera avant que chaque enfant n’ait donné sa réponse. Le TN permet de conserver les apports de chaque élève et de pouvoir y revenir ensuite.

Poursuivant le même but, l’enseignant peut aussi utiliser le tableau pour inscrire des exercices, débuts de phrases, énoncés, … qui seront des défis pour les élèves.

La collecte d’apports peut aussi se faire dans la durée, lorsque plusieurs expériences sont menées par exemple et que les résultats sont notés au fur et à mesure de l’avancée de l’expérience, ou que les résultats sont notés en parallèle.

 

C’est donc un support pour la connaissance en construction. L’élément le plus important pour circonscrire le contenu du TN sera dans ce cas les apports oraux des élèves, avec une mise au second plan du savoir constitué. Cela n’empêche pas l’enseignant de recueillir tous les apports des élèves, qu’ils soient émis par simple réflexion ou par observation (d’expériences par exemple). Il fixe alors de manière éphémère mais suffisamment durable ces apports.

Cette fixation permet de travailler avec les apports de la classe. Ce choix des apports est fait par l’enseignant lorsqu’il prend note au TN. Cette sélection est ensuite utilisée pour faire un classement, un appariement, un choix argumenté, … pour servir des démarches mentales qui nécessitent un support écrit. 

On le conçoit aisément, lors de la sélection, le savoir constitué, l’objectif de la leçon va guider l’esprit de l’enseignant, bien qu’il demeure soit dans l’esprit de certains élèves et donc se retrouve au TN, ou est bien présent dans l’esprit du maître, le savoir constitué a également un rôle secondaire dans ce qui demeurera finalement au TN et ce sont les apports de la classe qui sont prédominants dans cette utilisation du TN.

2.     Le tableau noir : support de la connaissance formalisée

Le TN est aussi l’endroit sur lequel vont s’inscrire les synthèses, les règles, les lois, etc. Il représente pour certains l’endroit privilégié sur lequel s’inscrit « ce‐qu’il‐faut‐retenir ». Le nombre d’élèves et d’étudiants qui prennent note de tout, ou presque, ce qui est écrit au TN en est le meilleur exemple.

Cette constatation amène à prendre conscience du pouvoir que le TN a sur un écrit. Elle doit aussi faire penser son utilisateur au contenu qui y sera formalisé. Ici encore par rapport à l’oral, le TN a un avantage conséquent : si une idée peut s’exprimer de manière balbutiante ou boiteuse et être comprise par une part des élèves, l’obligation de devoir écrire cette idée demandera une activité mentale plus importante pour son producteur, mais donnera une réponse plus compréhensible par tous les étudiants. Il suffit pour s’en rendre compte de demander à un enseignant en formation d’écrire ses consignes en plus de les donner oralement. Il en résultera un moment de recherche plus long. Même si l’étudiant sait ce qu’il veut que les élèves fassent, il devra mieux réfléchir le libellé de cette demande pour l’écrire.

Il en va de même avec les règles, lois, synthèses et autres éléments émanant non plus directement des apports des élèves mais prioritairement du savoir constitué. C’est en effet de ce savoir que l’enseignant va sélectionner une part qu’il placera au TN. En fonction des questions et des parties de réponses données par les élèves, le contenu de cette sélection et la forme qu’elle prendra sera choisie, mais même si les apports de la classe sont présents, ils demeurent moins importants que le savoir constitué dans la fixation au TN.

3.     Le tableau noir : support de la gestion de la dynamique en classe

Tout comme l’environnement auditif des élèves est rythmé par la sonnerie de la fin de classe, le tableau peut aussi donner des repères pour les élèves. Par exemple y inscrire le Journal de classe, à remplir en début ou fin de leçon est une routine qui permet rapidement de donner un rituel de début ou fin de cours. Y inscrire des consignes de travail en début de travaux de groupe ou de travaux individuels va aussi permettre de gérer la dynamique de la classe sans devoir rappeler des consignes oralement et donc déranger ceux qui sont en action. Cela permet aussi aux élèves de découvrir seuls les tâches à effectuer alors que l’enseignant consacre plus de temps à un groupe d’élèves dans le besoin. De la même manière le TN permet à l’enseignant de sérier les élèves qui devront présenter devant la classe, et que ceux‐ci connaissent ainsi l’ordre de passage, peut‐être décidé ensemble, mais fixé sur ce support.

Il peut aussi servir à noter l’avancement des élèves dans une tâche individualisée si par exemple les élèves doivent se regrouper en fonction de leur avancement dans cette tâche. Chaque élève saura, en respectant le silence indispensable à la tâche, avec qui il peut aller confronter sa production, dans ce cas les élèves ayant fini les mêmes tâches que lui.

On peut encore y trouver des choses à ne pas oublier, inscrites en début de journée et qui seront valables toute cette journée.

Cette liste d’exemples n’est pas exhaustive mais montre combien le TN peut être en plus, ou à la place, de la voix de l’enseignant un support pour gérer la dynamique de la classe.

Comment utiliser le tableau pour être efficace ?

S

’il est clair que le TN a une utilité indéniable en classe, son utilisation peut accentuer cette utilité

 ou la minimiser, voire dans certains cas inverser sa portée. Nous tentons ci‐dessous de dresser une

liste de techniques (qui ne sont parfois que des moyens, voire des « trucs ») pour optimiser l’utilisation du tableau aux fins prévues. Ces techniques sont des réponses à des questions relevées auprès d’utilisateurs « tâtonnants » du TN :

       Qui doit écrire ?

       Quelle écriture privilégier ?

       Quelle partie d’une leçon écrire au TN ? Quels mots choisir ?

       Avec quoi organiser le TN ?

       Quelles routines utiliser ?

       Quel lien entre le TN et d’autres supports ?

1. Qui doit écrire au TN?

La réponse simple et venant rapidement à l’esprit d’un enseignant sera lui‐même. En effet, le TN étant un support de l’enseignement, on conçoit sans problème que ce soit l’enseignant qui s’exprime le plus via le TN. Par contre il ne faut pas oublier que chaque élève a aussi la possibilité via le TN d’inscrire sa réponse individuelle dans le cas d’un brainstorming, de venir y placer un mot au bon endroit dans un texte en langue étrangère, de venir situer une époque sur une ligne du temps, de tracer une bissectrice,…

Si le choix de l’élève doit se faire en pensant que cela ne doit pas freiner celui‐ci (s’il met déjà beaucoup de temps pour écrire dans son propre cahier par exemple) il est aussi possible de déléguer la transcription au TN à un élève, parce que celui‐ci a besoin d’exercer sa calligraphie et que l’enseignant juge qu’écrire pour les autres pourra le motiver ou parce que cet élève a un besoin irrépressible de mouvement, ou de responsabilité, et que cette activité canalise son énergie. 

En plus d’aider à la gestion d’un élève, voire deux qui peuvent dans d’autres cas être perturbateurs, l’enseignant une fois qu’il s’est assuré du comportement de cet élève (ou de deux) au TN aura plus de liberté pour observer et donc gérer le reste de la classe lors d’une mise en commun par exemple.

Il peut aussi profiter de cet exercice pour entraîner les élèves à collaborer dans une réalisation collective telle une synthèse de travaux de groupe sous forme de schéma au TN selon les informations émanant des divers élèves.

Ainsi, c’est principalement l’enseignant qui écrit au TN. Mais tout comme il n’est pas le seul à parler en classe et qu’il doit permettre (et favoriser !) l’expression orale des élèves, il peut aussi réfléchir aux divers avantages et possibilités de permettre cette expression écrite aux yeux de tous.

2. Quelle écriture privilégier ?

Plusieurs sont possibles. Ainsi l’enseignant peut écrire habituellement en cursive (de cette manière donc) ou plutôt en caractères d’imprimerie (tels qu’utilisés dans la rédaction de ce texte). Il est important, à l’école primaire d’utiliser une écriture cursive car c’est celle que les enfants doivent actuellement maîtriser. Par la suite, et déjà durant l’enseignement primaire bien sûr, ils seront amenés à découvrir et reconnaître d’autres types d’écriture, le caractère d’imprimerie notamment qui est présent dans la plupart des documents qu’ils rencontrent. 

Au TN, il faut être lisible et suffisamment organisé pour que l’élève puisse sans difficulté retirer l’information. À cette fin nous proposons deux consignes pour le choix de la police : 

       Ne pas utiliser de police extraordinaire, telle que ce qui est utilisé dans divers secteurs artistiques comme les TAG, ou encore dans les domaines visuels de l’heroic fantasy, des mangas, ou publicitaires. Ces écritures peut‐être souvent utilisées par les étudiants, prennent d’ailleurs du temps et beaucoup d’espace. De plus elles sont souvent aisément compréhensibles par un bon lecteur, mais dans le cas d’un apprentissage, c’est un frein supplémentaire.

       Utiliser une seule police au TN, afin d’uniformiser le discours. Bien sûr dans certains cas, l’utilisation d’une autre police permettra de mettre en emphase certaines parties du discours comme une notion ou un mot neuf, les terminaisons en conjugaison,… Mais cet effet ne sera efficace que si le reste du TN est écrit de manière uniforme. Nous reviendrons ci‐après sur la mise en emphase.

3. Quelle partie de la leçon écrire au TN ?

Le discours de l’enseignant ou des élèves ne peut se retrouver entièrement au TN, pas plus que le contenu d’un manuel ou d’une analyse matière. La question de savoir ce qu’il faut écrire se pose donc légitimement.

Pour cette question, nous distinguerons les connaissances en construction, les connaissances formalisées et les éléments organisationnels.

Les connaissances en construction

Lors de mise en commun, ou tout autre écriture pour tous d’apport d’élève, le minimum à écrire est ce qui est nécessaire pour pouvoir rendre sans la modifier la pensée de l’élève. Si la présentation de celleci, oralement, n’est pas suffisante et demande une modification, il est important de la faire lorsque l’élève la propose et d’écrire ce qui résulte de cette interaction. Si la « rectification » se fait par l’enseignant seul en écrivant au TN, l’élève peut ressentir une frustration légitime : on lui demande son avis et on écrit, sans discussion, autre chose. 

Ecrire ces apports peut se faire en mots‐clés (évitant les mots équivoques pour assurer une compréhension unanime), en abréviations (connues de chaque élève ou expliquées lors de son utilisation), sous une forme simplifiée sujet‐verbe‐complément, en supprimant les éléments inutiles pour l’activité… L’important sera toujours de pouvoir, à partir de cette simplification, rendre l’apport exact de l’élève. Les raccourcis que sont ces mots‐clés et abréviations apportent la rapidité de prise de note dans un laps de temps qui permet à la mémoire de reproduire l’idée énoncée avec ce raccourci. Ces idées ne doivent pas absolument être comprises par des personnes hors du contexte de la classe.

Nous verrons qu’il n’en va pas de même avec les connaissances formalisées.

Les connaissances formalisées

Contrairement au cas précédent, il est ici indispensable que ce qui est au TN soit à la fois complet, clair et univoque (évitant donc les mots ʺbateauxʺ qui possèdent plusieurs sens et pouvant être interprétés différemment). Les mots‐clés ne peuvent suffire puisque les élèves ont face à eux un « modèle » à reproduire dans leur cours. Que ce modèle soit un texte de synthèse, un schéma, un structurogramme, une ligne du temps, des cartes d’identité de triangles, etc. le savoir inscrit sur le TN est alors écrit dans son entièreté et en utilisant le moins de raccourcis possibles. Par exemple seules les abréviations conventionnelles et comprises par les parents pourront être utilisées. Dans le cas contraire, un élève en difficulté pourra difficilement se faire aider si en guise de synthèse, base sur laquelle l’aidant (un parent par exemple) pourra s’appuyer, ressemble à un ensemble de sigle… De même si l’élève retourne plus tard dans cette synthèse, et qu’il a oublié la signification des abréviations ou raccourcis… ce ne sera guère plus utile qu’un ensemble de hiéroglyphes.

Ajoutons que si l’organisation de cette synthèse, de cette loi, de ce théorème, de cette règle et son illustration ont une importance (et c’est pratiquement toujours le cas), il est primordial que le TN soit le reflet de la feuille attendue 

Ainsi les connaissances formalisées doivent avoir une forme cohérente même décontextualisée. En d’autres termes, une personne étrangère à la classe, ou un élève des mois voire des années, plus tard, doit pouvoir comprendre entièrement ce qui est dans ce savoir formalisé sans devoir obligatoirement connaître le contexte de sa création.

Les éléments organisationnels

Écrire les consignes au TN peut prendre plus de temps que de les énoncer, mais il est possible que si elles sont nombreuses et/ou compliquées, elles soient mal comprises ou simplement oubliées. Dans ce cas, s’il faut les répéter, il y a une perte de temps, ou un dérangement de la dynamique de production si l’enseignant doit rendre des consignes à une partie de la classe alors que les autres sont en train de travailler.

De la même manière, si une consigne est mal comprise elle devra être expliquée de nouveau et donc une perte de temps et d’efficacité en résultera sans doute.

Ainsi, nous conseillons d’écrire les consignes lorsque celles‐ci sont nombreuses, utilisées pour une longue période (des ateliers qui durent 2h par exemple, ou l’ensemble de la journée), si elles contiennent des éléments compliqués ou très précis (comme des données dans une expérience).

Ce support visuel accessible à tous durant toute la séquence ou activité permettra à l’enseignant de se concentrer sur les productions et non sur la gestion de l’activité, et aux enfants d’avancer à leur rythme sans devoir attendre que l’enseignant soit disponible. Cela peut aussi éviter des photocopies, car ces consignes pourraient évidemment se trouver sur une feuille pour les élèves.

Ces consignes doivent être univoques, précises et comprises sans difficulté (sans que l’enseignant ne doive les réexpliquer donc) par les élèves.

4. Avec quoi organiser le TN ?

Deux types d’outils sont utiles pour organiser le TN : le matériel et les règles (typo)graphiques

Le matériel

       Les lattes et règles en T, l’équerre, le compas (ou une craie au bout d’un fil tendu)… Ils permettent de tracer de manière correcte les droites et autres formes. Il n’est pas nécessaire d’utiliser une règle pour tracer un tableau à double entrée, la dextérité devrait suffire pour obtenir des lignes suffisamment droites. Par contre, si vous devez dessiner une ligne du temps, afin de respecter des intervalles égaux, l’usage de la règle est plus que recommandé. En mathématiques, l’usage de ces outils, reproduction de ceux des élèves, est indispensable pour leur expliquer comment s’en servir mais aussi pour obtenir un résultat dont la qualité est au moins équivalente à celle des productions des élèves.

       Le frotteur, l’éponge, la raclette… Ces éléments permettent d’effacer efficacement, plus que l’index ou la paume de la main, un TN pour éviter que des mots inadaptés demeurent dans une synthèse, ou une mise en commun ou encore qu’un tableau ne soit tracé sur d’autres lignes… pour celui ou celle qui a des difficultés pour écrire droit, ces outils peuvent aussi être utilisés pour laisser de fines lignes espacées de la largeur de l’éponge ou de la raclette, lignes sur lesquelles l’enseignant malaisé pourra plus facilement écrire droit.

       Le projecteur et les transparents… s’ils ne sont pas toujours associés directement au TN peuvent être des outils intéressants. Bien que coûteux, s’ils sont présents dans l’école autant les amortir en les utilisant à bon escient. Plutôt que de dessiner une carte d’un pays de manière stylisée et peu précise, l’imprimer sur un transparent et la projeter permet ensuite à l’enseignant ou aux élèves de venir y indiquer une ville, de dessiner un cours d’eau, … avec possibilité de correction directe. Les grandes cartes, qui ont en grande partie disparu, si elles sont une trace figée et bien sûr un référent (parfois obsolète vu la vitesse des changements géopolitiques), ne permettent pas cette utilisation

« interactive ». De plus, un transparent projeté est plus facile à classer et plus économique. L’utilisation peut aussi se faire avec des parties du corps humain, d’un instrument de musique, etc. Si le projecteur est disponible facilement, l’enseignant peut encore prévoir des exercices supplémentaires projetés lorsqu’il s’aperçoit que la différence de production entre les élèves l’oblige à donner rapidement une activité, pensée à l’avance et inscrite sur transparent, pour les plus rapides. 

Les règles (typo)graphiques

Tout comme les différents supports visuels rencontrés par les élèves (affiches, livres, feuilles de cours, bandes dessinées, blogs, pages Internet, journaux, manuels, etc.) le tableau s’organise avec différentes règles. En premier lieu se trouvent les règles orthographiques sur lesquelles l’insistance se fait dans tous les secteurs de la formation et que nous ne pouvons qu’encourager. Mais il en existe d’autres qui sont transversales et largement partagées dans notre civilisation de lecteurs :  o nous lisons de gauche à droite et de haut en bas ; 

o    lorsqu’il y a plusieurs cases nous lisons la colonne de gauche de haut en bas puis la colonne de droite de haut en bas ;

o    Les modifications de police, de couleurs, d’alignement horizontal, etc. attirent notre attention ;

o    Les titres sont au‐dessus des textes ; o           Les majuscules et points déterminent les phrases ;

o    Les paragraphes sont sectionnés par idées ; o

Ces règles font généralement partie de notre inconscient, vu leur habitude de pratique. Parfois une petite mise à jour doit se faire pour le futur enseignant, dans divers référentiels comme une grammaire ou une formation. 

Notons tout de même que leur explicitation se révèle très utile dans le cas de l’accueil d’un élève qui lui n’a pas cette habitude. L’alphabet arabe par exemple obéit à des règles d’écriture différentes, ne serait‐ce que le sens d’écriture (et donc de lecture.) Il est indispensable de suivre ces règles sans quoi le TN sera aussi incompréhensible qu’un discours rédigé dans le désordre et dont la ponctuation aurait disparu.

Toutefois ces règles, si elles constituent un minimum commun et partagé, ne seront pas suffisantes pour gérer l’organisation du TN. Ainsi l’enseignant usera d’autres qu’il expliquera en début d’année aux élèves, et qui deviendront des règles partagées par la classe. Ces règles serviront par exemple à la mise en emphase. Lorsqu’il souhaitera insister sur un terme, l’enseignant pourra souligner, entourer, encadrer, mettre en majuscule, changer de couleur, … ces différentes actions peuvent avoir des significations différentes. Par exemple, les mots entourés sont des mots importants pour la suite de l’enseignement (les termes à décrire, l’hypothèse que l’on va vérifier, le titre d’article choisi par la classe,…), alors que les mots inscrits en bleus sont ceux qui font partie du lexique à maîtriser en fin d’année et que les mots soulignés de rouge sont ceux dans lesquels il demeure une erreur orthographique, etc.

Afin de rendre ces codes efficaces, il est nécessaire, d’une part, de les expliciter en début d’année et, d’autre part, de les utiliser de la même manière au fil de l’année.

       Les lignes tracées sont encore des outils qui permettent d’organiser différentes idées ou moments d’activité au TN. Ainsi on peut trouver au centre le texte travaillé et dans une marge à droite ou à gauche les règles utilisées pour obtenir une conjugaison et une orthographe correcte. On peut aussi inscrire le déroulement et les résultats d’une recherche dans la partie supérieure du TN et les mêmes éléments d’une recherche effectuée en parallèle par un second groupe dans la partie inférieure. On peut encore diviser le TN en autant de cases que d’élèves (ou de groupes composés) dans lesquels les élèves peuvent écrire leur état d’avancement dans une tâche individuelle qui nécessite un regroupement par avancement. Dans ce cas, tous ont accès à cette information qui change au fil de la leçon. 

       L’organisation du tableau passera aussi par l’utilisation de puces, sigles (connus et compris de tous), de numérotation, d’alignements horizontaux (les alinéas), …

5. Quelles routines utiliser ?

Comme annoncé dans le point précédent, l’utilisation du TN sera soumis à différentes règles apprises et utilisées par tous sans plus devoir être expliquées. Ces routines de fonctionnement soulagent la gestion et permettent de se concentrer sur l’apprentissage. Mais ces routines ne se limitent pas aux règles (typo)graphiques. Elles sont un ensemble de fonctionnement, propre à la classe et dont voici quelques exemples. 

       L’écriture du Journal de classe par exemple, toujours au même endroit sur le TN et soit en début ou en fin de leçon sera une habitude qui ne devra plus être expliquée. Ainsi les élèves sauront qu’ils doivent copier ce qui est écrit sous « J de C » en bas à droite du TN dans leur journal de classe à la date du jour. 

       De même à côté du titre d’une synthèse, l’enseignant pourra faire une flèche et inscrire le nom du cahier dans lequel cette synthèse doit être inscrite, ainsi tous les élèves même celui sorti un instant de la leçon (physiquement ou non) auront compris sans devoir reposer la question.

       Chaque matin un élève différent, selon l’ordre alphabétique, écrira la date dans le coin supérieur droit de la partie centrale du TN. 

       Dans une classe multiniveaux, ce qui est écrit sur la partie de gauche est à l’attention des élèves de 3e, celle du milieu pour les 4e et 5e et la partie de droite conserve les informations pour tout le monde.

       Sur un tableau dont on peut plier une partie, les réponses à l’exercice (ou deux exercices supplémentaires) sont inscrits sur la partie cachée, que les élèves vont consulter lorsqu’ils ont terminé leur tâche.

      

6. Quels liens entre TN et autres supports de classe ? 

Le TN permet de garder une trace écrite mais éphémère. Toutefois, en garder une trace pour plus tard est essentiel dans plusieurs cas. Face à de la connaissance formalisée, les élèves en auront une trace dans leur cahier. Mais on peut envisager une trace pour la classe. 

       Par exemple si la notion de mobilité est étudiée sur un cas en étude du milieu, une synthèse pourra se dessiner au TN, peut‐être décontextualisée et être ensuite reproduite sur une affiche.

       À l’école primaire, le travail sur une histoire choisie pour ces différents phonèmes « en/in », « en/an » pourra, une fois terminée au TN devenir une affiche avec un dessin qui permettra à l’élève de retourner vers cette histoire dont il a le souvenir et dans laquelle les lettres « en » se lisent « in »…

La transcription du TN sur une affiche ou un autre support durable et commun à la classe n’est pas obligatoirement le travail de l’enseignant. Cela peut‐être celui d’un élève ou de plusieurs et d’ailleurs devenir aussi une routine de fonctionnement.

Le TN qui, comme nous l’avons dit plus haut, est un espace visible de tous et auquel on associe un espace de diffusion du savoir, est aussi l’endroit idéal pour apposer un document tel qu’une affiche crée par la classe, ou par une autre classe de l’école, une affiche envoyé par le ministère pour sensibiliser à une thématique environnementale, le support d’un intervenant extérieur qui vient parler de la sécurité ou de la prévention contre les MST…

Dans ce cas, le TN doit conserver une part sans affichage pour permettre la liberté d’action et d’adaptation face aux apports des élèves.

Quelques « trucs » en plus

V

oici pour terminer quelques pratiques et avantages de l’utilisation du TN. Cette liste n’est pas

 exhaustive et chaque utilisateur pourra la compléter avec sa propre pratique :

       Gérer le groupe passe aussi par son observation et il arrive que lorsque l’enseignant écrit au TN, et perd donc le groupe de vue durant un moment, un peu de chahut se déclare. Pour éviter d’atteindre un brouhaha ingérable, il est nécessaire de laisser les enfants en activité pendant que l’enseignant écrit. 

       Il est aussi nécessaire que difficile de vérifier son orthographe lorsque l’on est le nez collé sur son TN et que l’on écoute les apports des élèves pour les écrire. La solution est de s’arrêter et de prendre un pas de recul pour observer ce que l’on a écrit, à la fin de deux ou trois phrases lorsque l’on est en situation de connaissance en construction. Lorsque l’on est dans une phase de synthèse, et donc que l’on sait à l’avance que l’on va écrire, on peut attendre la fin pour observer son TN, tant que les enfants n’ont pas encore copié.

       Penser son tableau, dès la préparation de la leçon est un travail qui permet de cibler le savoir qui demeurera, puisque l’on ne peut tout écrire. La formalisation de son écrit permet aussi de structurer le savoir qui va être prononcé.

       Observer son tableau dans l’ensemble permet de vérifier qu’il est complet mais aussi qu’il est compréhensible. Si vous êtes en phase de savoir formalisé regardez‐le dans l’ensemble et demandez‐vous « Si un collègue entrait, comprendrait‐il ? » Si la réponse est « non » il est fort possible qu’il manque un titre, que les couleurs soient mal choisies, que certaines parts se chevauchent et que ce ne soit pas aéré… Ces imprécisions seront peut‐être les sources de problèmes lors de l’étude de cette partie par l’élève.

       Ai‐je écrit trop grand ou trop petit ? la réponse à cette question n’est pas à chiffrer en cm, mais plutôt à fixer entre deux balises : Est‐ce écrit assez grand pour que l’élève le plus éloigné puisse lire et est‐ce écrit suffisamment petit pour que je puisse mettre un ensemble cohérent (tout le schéma, l’entièreté de la conjugaison du verbe aimer au conditionnel, …) au TN. Si vous hésitez entre les deux, il est évident que c’est la première question qui prend le pas. En effet il sera peu efficace de mettre toute sa synthèse au TN mais que pour cela ce soit écrit tellement petit que seuls les élèves du premier rang pourront distinguer les mots.


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