Le tableau noir en classe : petite présentation aux (futurs) enseignants qui se posent des questions
Par Grégory Voz – ISELL Ste-Croix
À quoi sert le
tableau dans la classe ?
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espace qui va être pris et complété, souvent par l’enseignant pour gérer
les apprentissages et la e tableau noir (TN), peut être comparé au silence qui règne
dans une classe. C’est en effet un discipline en classe.
Une rapide observation
des différentes classes d’enseignement permet de dire qu’il n’y a pas de classe
sans TN. Il est un signe distinctif de ce qu’est une classe. Il en décide même la
disposition puisque les élèves doivent avoir un accès visuel direct sur celui‐ci.
Il est ainsi normal dans le cadre d’une transmission de savoir, lorsqu’un enseignement
a une forme « ex‐cathedra » que l’enseignant (ou tout autre personne qui fait une
présentation) soit placé devant ou à proximité de ce TN. Nous pouvons aller plus
loin : le tableau définit l’espace de transmission du savoir en classe. Cela ne
signifie nullement qu’il n’y ait qu’à cet endroit que le savoir existe et peut être
appris, ce serait sans compter sur les livres, les équipements informatiques, les
conflits socioconstructivistes dans les bancs… mais lorsqu’il y a une transmission
de savoir à l’ensemble de la classe, c’est à proximité du TN que celle‐ci se fait.
Le TN est donc associé à un espace de transmission en classe. Il peut plus humblement
être le support des connaissances en construction ou l’espace sur lequel est formalisée
la connaissance, le savoir constitué à maîtriser. Nous allons expliquer ces deux
fonctions puis décrire son rôle dans la dynamique de la classe.
1. Le tableau
noir : support de la connaissance en construction
Le tableau est un support visible par tous sur lequel
on peut écrire une infinité de choses. Dans la construction de la connaissance et
selon les pratiques actuelles de classe, il sert par exemple à fixer les apports
lors des mises en commun.
Ainsi si l’enseignant demande à chaque élève de
donner sa réponse ou son avis sur un sujet ou lors d’un brainstorming, d’un relevé
de représentations, dans l’énoncé des explications ou hypothèses des élèves, … la
mémoire des élèves, comme la sienne saturera avant que chaque enfant n’ait donné
sa réponse. Le TN permet de conserver les apports de chaque élève et de pouvoir
y revenir ensuite.
Poursuivant le même but, l’enseignant peut aussi
utiliser le tableau pour inscrire des exercices, débuts de phrases, énoncés, … qui
seront des défis pour les élèves.
La collecte d’apports
peut aussi se faire dans la durée, lorsque plusieurs expériences sont menées par
exemple et que les résultats sont notés au fur et à mesure de l’avancée de l’expérience,
ou que les résultats sont notés en parallèle.
C’est donc un
support pour la connaissance en
construction. L’élément le plus important pour circonscrire le contenu du TN
sera dans ce cas les apports oraux des élèves, avec une mise au second plan du savoir
constitué. Cela n’empêche pas l’enseignant de recueillir tous les apports des élèves,
qu’ils soient émis par simple réflexion ou par observation (d’expériences par exemple).
Il fixe alors de manière éphémère mais suffisamment durable ces apports.
Cette fixation
permet de travailler avec les apports de la classe. Ce choix des apports est fait
par l’enseignant lorsqu’il prend note au TN. Cette sélection est ensuite utilisée
pour faire un classement, un appariement, un choix argumenté, … pour servir des
démarches mentales qui nécessitent un support écrit.
On le conçoit aisément, lors de la sélection, le
savoir constitué, l’objectif de la leçon va guider l’esprit de l’enseignant, bien
qu’il demeure soit dans l’esprit de certains élèves et donc se retrouve au TN, ou
est bien présent dans l’esprit du maître, le savoir constitué a également un rôle
secondaire dans ce qui demeurera finalement au TN et ce sont les apports de la classe qui sont prédominants dans cette
utilisation du TN.
2. Le tableau noir : support de la connaissance formalisée
Le TN est aussi l’endroit sur lequel vont s’inscrire
les synthèses, les règles, les lois, etc. Il représente pour certains l’endroit privilégié sur lequel s’inscrit «
ce‐qu’il‐faut‐retenir ». Le nombre
d’élèves et d’étudiants qui prennent note de tout, ou presque, ce qui est écrit
au TN en est le meilleur exemple.
Cette constatation amène à prendre conscience du
pouvoir que le TN a sur un écrit. Elle doit aussi faire penser son utilisateur au
contenu qui y sera formalisé. Ici encore par rapport à l’oral, le TN a un avantage
conséquent : si une idée peut s’exprimer de manière balbutiante ou boiteuse et être
comprise par une part des élèves, l’obligation de devoir écrire cette idée demandera
une activité mentale plus importante pour son producteur, mais donnera une réponse
plus compréhensible par tous les étudiants. Il suffit pour s’en rendre compte de
demander à un enseignant en formation d’écrire ses consignes en plus de les donner
oralement. Il en résultera un moment de recherche plus long. Même si l’étudiant
sait ce qu’il veut que les élèves fassent, il devra mieux réfléchir le libellé de
cette demande pour l’écrire.
Il en va de même
avec les règles, lois, synthèses et autres éléments émanant non plus directement
des apports des élèves mais prioritairement du savoir constitué. C’est en effet
de ce savoir que l’enseignant va sélectionner une part qu’il placera au TN. En fonction
des questions et des parties de réponses données par les élèves, le contenu de cette
sélection et la forme qu’elle prendra sera choisie, mais même si les apports de la classe sont présents,
ils demeurent moins importants que le
savoir constitué dans la fixation au TN.
3. Le tableau noir : support de la gestion de la dynamique en classe
Tout comme l’environnement auditif des élèves est
rythmé par la sonnerie de la fin de classe, le tableau peut aussi donner des repères pour les élèves. Par
exemple y inscrire le Journal de classe, à remplir en début ou fin de leçon est
une routine qui permet rapidement de donner un rituel de début ou fin de cours.
Y inscrire des consignes de travail en début de travaux de groupe ou de travaux
individuels va aussi permettre de gérer la dynamique de la classe sans devoir rappeler
des consignes oralement et donc déranger ceux qui sont en action. Cela permet aussi
aux élèves de découvrir seuls les tâches à effectuer alors que l’enseignant consacre
plus de temps à un groupe d’élèves dans le besoin. De la même manière le TN permet
à l’enseignant de sérier les élèves qui devront présenter devant la classe, et que
ceux‐ci connaissent ainsi l’ordre de passage, peut‐être décidé ensemble, mais fixé
sur ce support.
Il peut aussi servir à noter l’avancement des élèves
dans une tâche individualisée si par exemple les élèves doivent se regrouper en
fonction de leur avancement dans cette tâche. Chaque élève saura, en respectant
le silence indispensable à la tâche, avec qui il peut aller confronter sa production,
dans ce cas les élèves ayant fini les mêmes tâches que lui.
On peut encore y trouver des choses à ne pas oublier,
inscrites en début de journée et qui seront valables toute cette journée.
Cette liste d’exemples
n’est pas exhaustive mais montre combien le
TN peut être en plus, ou à la place, de
la voix de l’enseignant un support pour gérer la dynamique de la classe.
Comment
utiliser le tableau pour être efficace ?
S |
’il est clair
que le TN a une utilité indéniable en classe, son utilisation peut accentuer cette
utilité
ou la minimiser, voire dans certains cas inverser sa portée. Nous tentons
ci‐dessous de dresser une
liste de techniques
(qui ne sont parfois que des moyens, voire des « trucs ») pour optimiser l’utilisation
du tableau aux fins prévues. Ces techniques sont des réponses à des questions relevées
auprès d’utilisateurs « tâtonnants » du TN :
• Qui doit écrire ?
• Quelle écriture privilégier ?
• Quelle partie d’une
leçon écrire au TN ? Quels mots choisir ?
•
Avec quoi organiser le TN ?
• Quelles routines utiliser ?
•
Quel lien entre le TN et d’autres supports ?
1. Qui doit
écrire au TN?
La réponse simple et venant rapidement à l’esprit
d’un enseignant sera lui‐même. En effet, le TN étant un support de l’enseignement,
on conçoit sans problème que ce soit l’enseignant qui s’exprime le plus via le TN.
Par contre il ne faut pas oublier que chaque élève a aussi la possibilité via le
TN d’inscrire sa réponse individuelle dans le cas d’un brainstorming, de venir y placer un mot au bon endroit dans un texte
en langue étrangère, de venir situer une époque sur une ligne du temps, de tracer
une bissectrice,…
Si le choix de l’élève doit se faire en pensant
que cela ne doit pas freiner celui‐ci (s’il met déjà beaucoup de temps pour écrire
dans son propre cahier par exemple) il est aussi possible de déléguer la transcription
au TN à un élève, parce que celui‐ci a besoin d’exercer sa calligraphie et que l’enseignant
juge qu’écrire pour les autres pourra le motiver ou parce que cet élève a un besoin
irrépressible de mouvement, ou de responsabilité, et que cette activité canalise
son énergie.
En plus d’aider à la gestion d’un élève, voire deux
qui peuvent dans d’autres cas être perturbateurs, l’enseignant une fois qu’il s’est
assuré du comportement de cet élève (ou de deux) au TN aura plus de liberté pour
observer et donc gérer le reste de la classe lors d’une mise en commun par exemple.
Il peut aussi profiter de cet exercice pour entraîner
les élèves à collaborer dans une réalisation collective telle une synthèse de travaux
de groupe sous forme de schéma au TN selon les informations émanant des divers élèves.
Ainsi, c’est
principalement l’enseignant qui écrit au TN. Mais tout comme il n’est pas le seul
à parler en classe et qu’il doit permettre (et favoriser !) l’expression orale des
élèves, il peut aussi réfléchir aux divers avantages et possibilités de permettre
cette expression écrite aux yeux de tous.
2. Quelle
écriture privilégier ?
Plusieurs sont possibles. Ainsi l’enseignant peut
écrire habituellement en cursive (de cette manière donc) ou plutôt en caractères d’imprimerie (tels qu’utilisés
dans la rédaction de ce texte). Il est important, à l’école primaire d’utiliser
une écriture cursive car c’est celle que les enfants doivent actuellement maîtriser.
Par la suite, et déjà durant l’enseignement primaire bien sûr, ils seront amenés
à découvrir et reconnaître d’autres types d’écriture, le caractère d’imprimerie
notamment qui est présent dans la plupart des documents qu’ils rencontrent.
Au TN, il faut être lisible et suffisamment organisé
pour que l’élève puisse sans difficulté retirer l’information. À cette fin nous
proposons deux consignes pour le choix de la police :
•
Ne pas utiliser de
police extraordinaire,
telle que ce qui est utilisé dans divers secteurs artistiques comme les TAG, ou encore dans les domaines visuels
de l’heroic fantasy, des mangas, ou
publicitaires. Ces écritures peut‐être souvent utilisées par les étudiants, prennent
d’ailleurs du temps et beaucoup d’espace. De plus elles sont souvent aisément compréhensibles
par un bon lecteur, mais dans le cas d’un apprentissage, c’est un frein supplémentaire.
• Utiliser une seule police au TN, afin d’uniformiser le discours. Bien
sûr dans certains cas, l’utilisation
d’une autre police permettra de mettre en emphase certaines parties du discours
comme une notion ou un mot neuf, les terminaisons en conjugaison,… Mais cet effet
ne sera efficace que si le reste du TN est écrit de manière uniforme. Nous
reviendrons ci‐après sur la mise en emphase.
3. Quelle partie
de la leçon écrire au TN ?
Le discours de l’enseignant ou des élèves ne peut
se retrouver entièrement au TN, pas plus que le contenu d’un manuel ou d’une analyse
matière. La question de savoir ce qu’il faut écrire se pose donc légitimement.
Pour cette question,
nous distinguerons les connaissances en construction, les connaissances formalisées
et les éléments organisationnels.
Les
connaissances en construction
Lors de mise en commun, ou tout autre écriture pour
tous d’apport d’élève, le minimum à écrire est ce qui est nécessaire pour pouvoir
rendre sans la modifier la pensée de l’élève. Si la présentation de celleci, oralement,
n’est pas suffisante et demande une modification, il est important de la faire lorsque
l’élève la propose et d’écrire ce qui résulte de cette interaction. Si la « rectification
» se fait par l’enseignant seul en écrivant au TN, l’élève peut ressentir une frustration
légitime : on lui demande son avis et on écrit, sans discussion, autre chose.
Ecrire ces apports
peut se faire en mots‐clés (évitant les mots équivoques pour assurer une compréhension
unanime), en abréviations (connues de chaque élève ou expliquées lors de son utilisation),
sous une forme simplifiée sujet‐verbe‐complément, en supprimant les éléments inutiles
pour l’activité… L’important sera toujours de pouvoir, à partir de cette simplification,
rendre l’apport exact de l’élève. Les raccourcis que sont ces mots‐clés et abréviations
apportent la rapidité de prise de note dans un laps de temps qui permet à la mémoire
de reproduire l’idée énoncée avec ce raccourci. Ces idées ne doivent pas absolument
être comprises par des personnes hors du contexte de la classe.
Nous verrons
qu’il n’en va pas de même avec les connaissances formalisées.
Les
connaissances formalisées
Contrairement au cas précédent, il est ici indispensable
que ce qui est au TN soit à la fois complet, clair et univoque (évitant donc les
mots ʺbateauxʺ qui possèdent plusieurs sens et pouvant être interprétés différemment).
Les mots‐clés ne peuvent suffire puisque les élèves ont face à eux un « modèle »
à reproduire dans leur cours. Que ce modèle soit un texte de synthèse, un schéma,
un structurogramme, une ligne du temps, des cartes d’identité de triangles, etc.
le savoir inscrit sur le TN est alors écrit dans son entièreté et en utilisant le
moins de raccourcis possibles. Par exemple seules les abréviations conventionnelles
et comprises par les parents pourront être utilisées. Dans le cas contraire, un
élève en difficulté pourra difficilement se faire aider si en guise de synthèse,
base sur laquelle l’aidant (un parent par exemple) pourra s’appuyer, ressemble à
un ensemble de sigle… De même si l’élève retourne plus tard dans cette synthèse,
et qu’il a oublié la signification des abréviations ou raccourcis… ce ne sera guère
plus utile qu’un ensemble de hiéroglyphes.
Ajoutons que si l’organisation de cette synthèse,
de cette loi, de ce théorème, de cette règle et son illustration ont une importance
(et c’est pratiquement toujours le cas), il est primordial que le TN soit le reflet
de la feuille attendue
Ainsi les connaissances
formalisées doivent avoir une forme cohérente même décontextualisée. En
d’autres termes, une personne étrangère à la classe, ou un élève des mois voire
des années, plus tard, doit pouvoir comprendre entièrement ce qui est dans ce savoir
formalisé sans devoir obligatoirement connaître le contexte de sa création.
Les
éléments organisationnels
Écrire les consignes au TN peut prendre plus de
temps que de les énoncer, mais il est possible que si elles sont nombreuses et/ou
compliquées, elles soient mal comprises ou simplement oubliées. Dans ce cas, s’il
faut les répéter, il y a une perte de temps, ou un dérangement de la dynamique de
production si l’enseignant doit rendre des consignes à une partie de la classe alors
que les autres sont en train de travailler.
De la même manière, si une consigne est mal comprise
elle devra être expliquée de nouveau et donc une perte de temps et d’efficacité
en résultera sans doute.
Ainsi, nous conseillons d’écrire les consignes lorsque
celles‐ci sont nombreuses, utilisées pour une longue période (des ateliers qui durent
2h par exemple, ou l’ensemble de la journée), si elles contiennent des éléments
compliqués ou très précis (comme des données dans une expérience).
Ce support visuel accessible à tous durant toute
la séquence ou activité permettra à l’enseignant de se concentrer sur les productions
et non sur la gestion de l’activité, et aux enfants d’avancer à leur rythme sans
devoir attendre que l’enseignant soit disponible. Cela peut aussi éviter des photocopies,
car ces consignes pourraient évidemment se trouver sur une feuille pour les élèves.
Ces consignes
doivent être univoques, précises et comprises sans difficulté (sans que l’enseignant
ne doive les réexpliquer donc) par les élèves.
4. Avec quoi
organiser le TN ?
Deux types d’outils
sont utiles pour organiser le TN : le matériel et les règles (typo)graphiques
Le matériel
•
Les lattes et règles
en T, l’équerre, le compas (ou une craie au bout d’un fil tendu)… Ils permettent de tracer de manière
correcte les droites et autres formes. Il n’est pas nécessaire d’utiliser une règle
pour tracer un tableau à double entrée, la dextérité devrait suffire pour obtenir
des lignes suffisamment droites. Par contre, si vous devez dessiner une ligne du
temps, afin de respecter des intervalles égaux, l’usage de la règle est plus que
recommandé. En mathématiques, l’usage de ces outils, reproduction de ceux des élèves,
est indispensable pour leur expliquer comment s’en servir mais aussi pour obtenir
un résultat dont la qualité est au moins équivalente à celle des productions des
élèves.
•
Le frotteur, l’éponge,
la raclette… Ces éléments
permettent d’effacer efficacement, plus que l’index ou la paume de la main, un TN
pour éviter que des mots inadaptés demeurent dans une synthèse, ou une mise en commun
ou encore qu’un tableau ne soit tracé sur d’autres lignes… pour celui ou celle qui
a des difficultés pour écrire droit, ces outils peuvent aussi être utilisés pour
laisser de fines lignes espacées de la largeur de l’éponge ou de la raclette, lignes
sur lesquelles l’enseignant malaisé pourra plus facilement écrire droit.
•
Le projecteur et les
transparents… s’ils
ne sont pas toujours associés directement au TN peuvent être des outils intéressants.
Bien que coûteux, s’ils sont présents dans l’école autant les amortir en les utilisant
à bon escient. Plutôt que de dessiner une carte d’un pays de manière stylisée et
peu précise, l’imprimer sur un transparent et la projeter permet ensuite à l’enseignant
ou aux élèves de venir y indiquer une ville, de dessiner un cours d’eau, … avec
possibilité de correction directe. Les grandes cartes, qui ont en grande partie
disparu, si elles sont une trace figée et bien sûr un référent (parfois obsolète
vu la vitesse des changements géopolitiques), ne permettent pas cette utilisation
« interactive
». De plus, un transparent projeté est plus facile à classer et plus économique.
L’utilisation peut aussi se faire avec des parties du corps humain, d’un instrument
de musique, etc. Si le projecteur est disponible facilement, l’enseignant peut encore
prévoir des exercices supplémentaires projetés lorsqu’il s’aperçoit que la différence
de production entre les élèves l’oblige à donner rapidement une activité, pensée
à l’avance et inscrite sur transparent, pour les plus rapides.
Les règles
(typo)graphiques
• Tout comme les différents supports visuels rencontrés par les élèves (affiches,
livres, feuilles de cours, bandes dessinées, blogs, pages Internet, journaux, manuels,
etc.) le tableau s’organise avec différentes règles. En premier lieu se trouvent
les règles orthographiques sur lesquelles
l’insistance se fait dans tous les secteurs de la formation et que nous ne pouvons
qu’encourager. Mais il en existe d’autres
qui sont transversales et largement
partagées dans notre civilisation de lecteurs : o nous lisons de gauche à droite et de haut en bas ;
o
lorsqu’il y a plusieurs cases nous lisons la colonne
de gauche de haut en bas puis la colonne de droite de haut en bas ;
o
Les modifications de police, de couleurs, d’alignement
horizontal, etc. attirent notre attention ;
o
Les titres sont au‐dessus des textes ; o Les
majuscules et points déterminent les phrases ;
o
Les paragraphes sont sectionnés par idées ; o …
Ces règles
font généralement partie de notre inconscient, vu leur habitude de pratique. Parfois
une petite mise à jour doit se faire pour le futur enseignant, dans divers référentiels
comme une grammaire ou une formation.
Notons tout
de même que leur explicitation se révèle très utile dans le cas de l’accueil d’un
élève qui lui n’a pas cette habitude. L’alphabet arabe par exemple obéit à des règles
d’écriture différentes, ne serait‐ce que le sens d’écriture (et donc de lecture.)
Il est indispensable de suivre ces règles sans quoi le TN sera aussi incompréhensible
qu’un discours rédigé dans le désordre et dont la ponctuation aurait disparu.
Toutefois ces
règles, si elles constituent un minimum commun et partagé, ne seront pas suffisantes
pour gérer l’organisation du TN. Ainsi l’enseignant usera d’autres qu’il expliquera
en début d’année aux élèves, et qui deviendront des règles partagées par la classe. Ces règles serviront par exemple à la
mise en emphase. Lorsqu’il souhaitera insister sur un terme, l’enseignant pourra
souligner, entourer, encadrer, mettre en majuscule, changer de couleur, … ces différentes
actions peuvent avoir des significations différentes. Par exemple, les mots entourés
sont des mots importants pour la suite de l’enseignement (les termes à décrire,
l’hypothèse que l’on va vérifier, le titre d’article choisi par la classe,…), alors
que les mots inscrits en bleus sont ceux qui font partie du lexique à maîtriser
en fin d’année et que les mots soulignés de rouge sont ceux dans lesquels il demeure
une erreur orthographique, etc.
Afin de rendre
ces codes efficaces, il est nécessaire, d’une part, de les expliciter en début d’année
et, d’autre part, de les utiliser de la même manière au fil de l’année.
•
Les lignes tracées sont encore des outils qui permettent
d’organiser différentes idées ou moments d’activité au TN. Ainsi on peut trouver
au centre le texte travaillé et dans une marge à droite ou à gauche les règles utilisées
pour obtenir une conjugaison et une orthographe correcte. On peut aussi inscrire
le déroulement et les résultats d’une recherche dans la partie supérieure du TN
et les mêmes éléments d’une recherche effectuée en parallèle par un second groupe
dans la partie inférieure. On peut encore diviser le TN en autant de cases que d’élèves
(ou de groupes composés) dans lesquels les élèves peuvent écrire leur état d’avancement
dans une tâche individuelle qui nécessite un regroupement par avancement. Dans ce
cas, tous ont accès à cette information qui change au fil de la leçon.
•
L’organisation du tableau passera aussi par l’utilisation
de puces, sigles (connus et compris de
tous), de numérotation, d’alignements horizontaux (les alinéas),
…
5. Quelles
routines utiliser ?
Comme annoncé
dans le point précédent, l’utilisation du TN sera soumis à différentes règles apprises
et utilisées par tous sans plus devoir être expliquées. Ces routines de fonctionnement
soulagent la gestion et permettent de se concentrer sur l’apprentissage. Mais ces
routines ne se limitent pas aux règles (typo)graphiques. Elles sont un ensemble
de fonctionnement, propre à la classe et dont voici quelques exemples.
•
L’écriture du Journal de classe par exemple, toujours
au même endroit sur le TN et soit en début ou en fin de leçon sera une habitude
qui ne devra plus être expliquée. Ainsi les élèves sauront qu’ils doivent copier
ce qui est écrit sous « J de C » en bas à droite du TN dans leur journal de classe
à la date du jour.
•
De même à côté du titre d’une synthèse, l’enseignant
pourra faire une flèche et inscrire le nom du cahier dans lequel cette synthèse
doit être inscrite, ainsi tous les élèves même celui sorti un instant de la leçon
(physiquement ou non) auront compris sans devoir reposer la question.
•
Chaque matin un élève différent, selon l’ordre alphabétique,
écrira la date dans le coin supérieur droit de la partie centrale du TN.
•
Dans une classe multiniveaux, ce qui est écrit sur
la partie de gauche est à l’attention des élèves de 3e, celle du milieu pour les 4e et 5e et la partie de droite conserve les informations pour tout le monde.
•
Sur un tableau dont on peut plier une partie, les
réponses à l’exercice (ou deux exercices supplémentaires) sont inscrits sur la partie
cachée, que les élèves vont consulter lorsqu’ils ont terminé leur tâche.
• …
6. Quels liens
entre TN et autres supports de classe ?
Le TN permet
de garder une trace écrite mais éphémère. Toutefois, en garder une trace pour plus
tard est essentiel dans plusieurs cas. Face à de la connaissance formalisée, les
élèves en auront une trace dans leur cahier. Mais on peut envisager une trace
pour la classe.
•
Par exemple si la notion de mobilité est étudiée
sur un cas en étude du milieu, une synthèse pourra se dessiner au TN, peut‐être
décontextualisée et être ensuite reproduite sur une affiche.
•
À l’école primaire, le travail sur une histoire
choisie pour ces différents phonèmes « en/in », « en/an » pourra, une fois terminée
au TN devenir une affiche avec un dessin qui permettra à l’élève de retourner vers
cette histoire dont il a le souvenir et dans laquelle les lettres « en » se lisent
« in »…
La transcription du TN sur une affiche ou un autre
support durable et commun à la classe n’est pas obligatoirement le travail de l’enseignant.
Cela peut‐être celui d’un élève ou de plusieurs et d’ailleurs devenir aussi une
routine de fonctionnement.
Le TN qui, comme nous l’avons dit plus haut, est
un espace visible de tous et auquel on associe un espace de diffusion du savoir,
est aussi l’endroit idéal pour apposer un document tel qu’une affiche crée par la
classe, ou par une autre classe de l’école, une affiche envoyé par le ministère
pour sensibiliser à une thématique environnementale, le support d’un
intervenant extérieur qui vient parler de la sécurité ou de la prévention contre
les MST…
Dans ce cas,
le TN doit conserver une part sans affichage pour permettre la liberté d’action
et d’adaptation face aux apports des élèves.
Quelques « trucs » en plus
V |
oici pour terminer
quelques pratiques et avantages de l’utilisation du TN. Cette liste n’est pas
exhaustive et chaque utilisateur pourra la compléter avec sa propre pratique
:
•
Gérer le groupe passe aussi par son observation
et il arrive que lorsque l’enseignant écrit au TN, et perd donc le groupe de vue
durant un moment, un peu de chahut se déclare. Pour éviter d’atteindre un brouhaha
ingérable, il est nécessaire de laisser les enfants en activité pendant que l’enseignant
écrit.
•
Il est aussi nécessaire que difficile de vérifier
son orthographe lorsque l’on est le nez collé sur son TN et que l’on écoute les
apports des élèves pour les écrire. La solution est de s’arrêter et de prendre un
pas de recul pour observer ce que l’on a écrit, à la fin de deux ou trois phrases
lorsque l’on est en situation de connaissance en construction. Lorsque l’on est
dans une phase de synthèse, et donc que l’on sait à l’avance que l’on va écrire,
on peut attendre la fin pour observer son TN, tant que les enfants n’ont pas encore
copié.
•
Penser son tableau, dès la préparation de la leçon
est un travail qui permet de cibler le savoir qui demeurera, puisque l’on ne peut
tout écrire. La formalisation de son écrit permet aussi de structurer le savoir
qui va être prononcé.
•
Observer son tableau dans l’ensemble permet de vérifier
qu’il est complet mais aussi qu’il est compréhensible. Si vous êtes en phase de
savoir formalisé regardez‐le dans l’ensemble et demandez‐vous « Si un collègue entrait,
comprendrait‐il ? » Si la réponse est « non » il est fort possible qu’il manque
un titre, que les couleurs soient mal choisies, que certaines parts se chevauchent
et que ce ne soit pas aéré… Ces imprécisions seront peut‐être les sources de problèmes
lors de l’étude de cette partie par l’élève.
•
Ai‐je écrit trop grand ou trop petit ? la réponse
à cette question n’est pas à chiffrer en cm, mais plutôt à fixer entre deux balises
: Est‐ce écrit assez grand pour que l’élève le plus éloigné puisse lire et est‐ce
écrit suffisamment petit pour que je puisse mettre un ensemble cohérent (tout le
schéma, l’entièreté de la conjugaison du verbe aimer au conditionnel, …) au TN.
Si vous hésitez entre les deux, il est évident que c’est la première question qui
prend le pas. En effet il sera peu efficace de mettre toute sa synthèse au TN mais
que pour cela ce soit écrit tellement petit que seuls les élèves du premier rang
pourront distinguer les mots.
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